Première fois que j'y reviens depuis plusieurs semaines et même plusieurs mois. Dur dur dur. J'étais déjà venue me reccueillir devant ce lieu qui, dans ma tête sera toujours le sien. J'avais embrassé l'air jusqu'à ce que mes lèvres se posent sur la petite tête chérie de mon coeur, au centre de la photo glissée sous une feuille plastique, punaisée sur le panneau en liège. La moquette est toute propre, sans doute a-t-elle rencontré M. L'aspirateur il y a peu de temps. Les larmes brouillent mon regard. Les lettres écrites par une main connue me regardent et caressent mon coeur tout en le déchirant. Je me mets dos au bureau, face à la fenêtre. Il n'y a personne à regarder. Il n'y a personne qui va me regarder. Tout revient en une seconde et repart aussitôt, chaque moment passe très très vite dans ma tête, puis s'évanouit rapidement. La tête ronde de Pedro Almodovar me sourit sur la couverture du dernier Vocable. Je lis l'article en diagonale, ce qui me permettra de parler de lui avec ma prof de français plus tard dans l'après-midi. Est-ce la folie ou bien l'habitude qui s'empare de moi lorsque je franchis une deuxième fois l'entrée de ce lieu... J'ai besoin de parler. Je fais revivre à travers les mots, tout ce que ce lieu m'évoque. Ou presque. Comment il est passé du délicieux à l'intolérable. Du présent au souvenir. Je croyais passer deux heures de plus là-bas mais finalement, je les passe dans ma petite salle.

"l'Homme et la nature : une utopie ?"

Voilà de quoi nous occuper un bon bout de temps. j'ai peur car je ne vois pas l'amie Espagne. On me rassure. Elle est partout. Dans toutes les pistes de travail... Ouuuf. Des idées traversent mon esprit à toute allure, je vois défiler mon film dans ma tête. Il faut que je ralentisse le tempo. Je n'ai pas tout bien vu. Il ne faut pas s'éloigner du sujet. Il faut trouver le thème du fil conducteur. Il faut il faut il faut...

Je mets du temps à réaliser.

Elles m'énervent à être imbues d'elles-mêmes, à avoir ces regards hautains qui croient tout savoir. Ces yeux provocants et ces expressions dédaigneuses.

On fait ce qu'on peut dans la vie. On est pas meilleur qu'un autre.

On a pas choisi, on se débrouille.

Il ne devrait pas y avoir d'étages.

On devrait peut-être bien être égaux.

Mais j'y crois pas.

Il y a un nouveau bracelet à mon poignet droit. De petites perles noires brillantes et six perles rondes, rouges et transparentes.

Il y a un élève qui ressemble à celle qui me fait peur. J'ai vraiment dû avoir un choc car l'autre jour, en voyant son regard dans l'escalier, j'ai vu tout d'un coup plein de petites étoiles autour de moi. Suivant le conseil de Karine, je me suis appuyée au mur, avec la peur de m'évanouir. Les étoiles ont vite disparu et hop ! je me suis sentie mieux...

Une chanson ce soir, dont je n'aime pas la dernière phrase... Je ne pensais pas y participer et puis finalement, je me retrouve la femme d'un couple original. "Le couple d'enfer". Christine pleure de rire. Je serai donc une future maman tricoteuse, pensive et rougissante le soir du spectacle.

ça fait du bien. ça fait du bien de reprendre. De recommencer plusieurs fois. De courir courir courir dans la rue parce que je n'ai pas dit aurevoir à Christine. De courir avec Florent pour lui redire aurevoir une deuxième fois.

Je retrouve mes attaches. Mes ancres pour m'accrocher. Mes aides, mes ptits coups de pouce, mes affections, mes tendresses et mes émotions. Elles reviennent vlaaaaaan et c'est pas désagréable.

"votre but : Faire mieux que l'année précédente"

C'est bien. J'ai la voix cassée. Je suis enrhumée. Hier j'ai dormi en jean et en pull. J'ai froid.

Yes yes yes.

Jeudi c'est l'automne.